.....De potentiels acheteurs étrangers se disaient interressés par de grands formats aux thèmes bien précis et avaient pris rendez-vous pour hier après-midi à 14 heures à la Galerie de Cannes. J'avais préparé ces toiles et y avais ajouté une plus petite pouvant les séduire...Quelques heures avant l'heure l'animatrice de l'espace m'appelle pour annuler ce rencard reculé peut-être de quelques semaines; combien de fois ai-je dû m'y faire, m'adapter aux désidératas de ceux qui me font vivre chichement en donnant un semblant de sens à mon travail ? En désirant acquérir une oeuvre sans me connaître mais en choisissant l'émanation de tout mon être devenant presque malgré eux d' une proximité étrange. J'ai - pour calmer la déception de terminer en beauté une année noire -avallé une maxi dose de pillules, drogues remboursées par la sécu , béquilles salutaires pour des perturbés comme moi que le seul encaissement des faits de la vie ébranlent de façon anormales; j'ai pris ce stylo avant que tout ceci fasse l'effet escompté : me détendre jusqu'au sommeil , me donner l'impression que les blessures du coeur s'annesthésient avec une pointe de tendresse artificielle qui me submerge et me fasse oublier que les choses se transforment en moi en substances vénéneuses. Mes yeux clignent de plus en plus, je décide d'arrêter là ce petit texte bien que sente s'entr'ouvrir un état propice à toutes les vraies confessions. Combien de fois ai-je écris sous l'emprise de l'alcool ou d'autres drogues hors la loi ce qui m'aurait été impossible d'exprimer par la peinture qui éxige la plus grande des lucidités ? J'ai couché sur le papier l'essentiel et le superflu en un conglomérat plein d'instinct et d'honnêteté; à mon réveil de ces voyages immobiles j'étais consterné de ce que j'avais écris lorsque j'arrivais à lire ces pattes de mouches pires que la plus illisible ordonnance médicale ! Henry Michaux parle de ses expériences , de ses sens aiguisés pour découper et avaler la vie de tous les jours et moi je ne suis qu'un modeste peintre en ce siècle qui voit le triomphe du virtuel et de la copie...Mais ceci est une autre histoire......