Notre progressisme s'était tempéré par le désir de pousser les bilans jusqu'au bout, sans rien omettre, sans déserter les territoires d'ombres et autres sujets qui fâchent car ils obligent à l'honnêteté véritable.
J'avais derrière moi des expériences considérables pour un homme d'à peine 30 ans : la passion de l'image - du cinéma à la peinture -, les drames familiaux, des amours et amitiés passionnels, les voyages, "l'établissement" en usine et son expérience de la condition ouvrière, les militantismes appuyés par une solide formation historique, l'imprimerie, les médias et ses aventures éditoriales, les expérimentations hallucinatoires et le monde psychiatrique. Par sa simple évocation, cette interminable liste effraye le "non-initié" de l'aventure humaine...........
Tout naturellement l'ambition de tirer un quelconque enseignement théorique de ces bilans se solda par un échec, par une confusion générale et la dispersion aux 4 vents de ces apprentis sorciers que nous étions. L'inaccessible étoile de la connaissance ne fascine que les Quichotte d'opérette........ Je choisis "l'exil" : dans le sport (la course de grand fond) , le soleil (de Provence), le ressourcement (la Bio). Mitterand allait immanquablement triompher avec à sa traîne la tribu bigarée de certains de mes ex-camarades qui trouvèrent ainsi à se "caser" (si ce n'était pas fait depuis longtemps). Se caser et bétonner leurs positions dominantes, signe extérieur de pauvreté de ces années 80.
En scellant la fin des utopies politiques cette décennie inconsistante accompagna l'expansion durable de la peste nationale-intégriste. Au delà du drame que constitue le 11 septembre 2001, sa pire des conséquences est cette terreur qui domine les consciences assoupies et qui, sous toutes les latitudes, empêche d'envisager l'avenir le plus proche. C'est à cette source - tarie - que la "confiance" doit s'abreuver et où elle ne trouve que sels d'angoisse et graviers de désespérance.
Les personnalités inquiètes et informées comme je le suis ne peuvent que souffrir d'une telle époque. j'ai heureusement, plus, l'esprit de Résistance que celui de conquête. C'est pourquoi ma passion de toujours - la peinture - ressurgit des ténèbres où le destin m'avait entrainé.........