....Il n'est plus question de tourner autour du pôt : du sang s'écoule depuis hier par une issue qu'il m'est difficile de préciser après des mois de douleur au ventre dont tous les examens ne laissaient rien décéler. Et je viens de m'étaller comme une vulgaire crèpe sur ma terrasse humide comme une patinoire sur ce même ventre, ce qui devrait attiser, régler ou accélérer d'une manière ou d'une autre ce problème qui doit être une des causes de ma fatigue chronique. J'ai gambergé toute la nuit sur les dix toiles qui m'attendent et qui devraient symboliser un virage évident dans mon travail...si j'ose m'y affronter ce qui n'est pas encore le cas. La glissade de tout à l'heure me laisse des douleurs un peu partout, entre autre au poignet droit ce qui exclut toute manipulation de pinceau et un sacré ématome autour de ma cicatrice de l'appendice. Retour vers un passé très lointain : en 71, licencié de la SNCF où j'avais fait un foin de tous les diables avec deux autres camarades, nous avons fait une grève de la faim de 17 jours dans l'Eglise Nôtre Dame de Lorette à Paris pour protester contre ce licenciement et obtenir un statut mieux défini pour les jeunes embauchés; un prêtre défroqué nous rejoignis et c'est sur l'orgue de ce lieu sacré qu'il nous joua des chants révolutionnaires dont l'Internationale. Il disparu la grève terminé avec la caisse de solidarité....Les responsables diocésiens fermèrent l'église ce qui nous empècha d'expliquer au public les véritables raisons de cette occupation dans une des chapelles. Une petite semaine après avoir arrêté cette grève et ayant recommencé à m'alimenter je me réveillais un matin une douleur atroce au côté droit; en rampant jusqu'au téléphone je pus appeler les pompiers qui m'amenèrent à la Clinique de ....la SNCF où ils m'opérèrent en urgence de l'appendicite. Il y a quelques années ma mère retrouva dans de vieux papiers la carte de F.F.I. de mon père qui avait exactement le même âge que moi : 20 ans.Que de souvenirs aurions-nous pu échanger s'il n'avait pas disparu si tôt en 65 ! Ou peut-être pas, qui peut savoir ? Ma mère me dit que toutes les filles tournaient autour de lui, qu'il organisait des soirées qu'il animait dès la Libération mais que elle restait en retrait ne se trouvant pas à la hauteur d'un tel homme si jeune et pourtant si actif. Mais ce fut elle qu'il choisit et commença une vie commune dont nous fûmes, mes soeurs et moi les fiers rejetons.........