....Pourquoi me griser aux médicaments qui à dose raisonnable appaise les maux plutôt que consommer directement les substances illicites qui , elles , existent et circulent seulement pour cela ? Les années 70 m'ont vues de 75 à 79 m'affronter aux cames les plus dures ( hormis l'héroïne ) par desespoir mais également pour accompagner certaines personnes qui m'entouraient. Les débuts étaient fabuleux; j'avais pris le pli peu à peu , tout en travaillant à l'imprimerie, d'augmenter les doses d'herbes pures que je fus même amené à cultiver dans mon 100 m² sous les verrières; il me fut très difficile de me sevrer SEUL sans aucune aide, dans le silence pour n'inquiéter personne....La coke, les champignons hallucinogènes, les amphétamines étaient de la partie; il me semblait naturel de ne pas m'affronter à la réalité brutte, le Grand Soir s'étant évanoui , il me restait à me détruire à petit feu lucidement mais obstinément. Je dormais alors comme un bébé mes jours étant remplis jusqu'à rabord, les tragédies de la vie n'avaient pourtant pas entamées mes espoirs de changements radicaux qui me semblaient inéluctables ; la guerre éclaire qui opposa le Vietnam nouvellement libre et réunifié et la Chine Rouge fut pour nous un coup de dague qui brouillait totalement " l'avenir radieux " dont nous rêvions; nous étions des rêveurs plus que des politiciens calculateurs à la différence des trotskystes. Tout était prétexte à engueulades homèriques au travail comme dans ma vie privée; Martine suivait une analyse , la petite Alice si joyeuse en apparence faisait bonne figure sans doute ne semblant voir dans tout ce chaos que prétextes à jeux et rigolades d'enfant qu'elle était. Blonde, un peu boulotte elle adressait la parole à qui lui plaisait quel que fut les circonstances ou le lieu......Je m'apperçois que je n'ai envie ni de bosser ni de profiter de la piscine; pourtant Patricia soeur- jumelle disparue de mon épouse avait les oeuvres complètes de Simone de Beauvoir que j'aime beaucoup lire; m'endormirai-je pendant la lecture d'un de ses bouquins ? Ce n'est pas d'ennui de ce qu'elle a écrit mais d'angoisse tenace que Morphée risque de m'entraîner, comme de poursuivre ce billet un peu plus long que d'habitude. Hasta la vida, siempre ?......