..... J'ai toujours écrit, c'est à dire je me suis mis comme beaucoup d'adolescent, à errer dans les rues de Paris livre, papier et stylo à portée de main, des étoiles m'éclairant moi qui n' était pas satisfait du monde dont j'héritais. Ces étoiles avaient pour noms Ferré, Férat, Dylan, Baudelaire , Rimbaud et Verlaine, Hugo et Vallès entre autres.Rien d'extraordinaire à cela : parisien d'après guerre dans l'euphorie des trente glorieuses, il me semblait que notre vie ne devait pas être meilleure que la précédente, elle ne POUVAIT QUE L'ETRE ! Et nous devions apporter notre tribu à l'oeuvre collective que les nations s'étaient promises de bâtir. J'avais donc pioché dans la grande boîte parfumée de la culture ce qui me semblait me convenir, à ma formation, à ma construction car - à l'inverse de ce qui fut dit et redit nous ne désirerions détruire QUE ce qui entravait la marche au progrès - c'est ainsi et aucune calomnie ni malveillance n'arriveront à réécrire NOTRE passé. J'ai donc écrit et jeté ce qui le méritait à mes yeux; de plus aucun encouragement ne m'accompagnait ,il n'était donc nulle question que ces feuilles ne s'envolent aux premières bourrasques. C'est par curiosité de ce qui était le plus proche de ma vie que j'ai découvert Dada et les Surréalistes et ce qui avait gravité autour de ces astres, de ces hommes, de la survie pour moi qui me permettrait de me mêler dans la mesure du possible à la subversion par les mots et les douces provocations que ces créateurs aimaient ,entrer dans le REEL et non en petit comité égotiste. La politique s'y mêla évidemment mais ce n'est pas mon propos ce jour; écrire ne m'était pas naturel jusqu'à mes déboires judiciaires et l'écroûlement qui s'en suivi. Que de fois mon épouse m'incita à m'y mettre ainsi que de rencontrer un psy. C'est celui-ci qui me poussa à prendre au sérieux, de coucher sur le papier ce qui me passait par la tête. Très rapidement j'ai senti le contraste entre la peinture auquelle je m'adonnais avec ferveur et écrire humblement, presque timidement : j'entrais sans que quiconque me prenne par la main dans un autre univers .La peinture, MA peinture est un cri, le fin papier couvert de signe est silencieux et s'il n'est pas lu par autrui a un statut qui m'échappe encore aujourd'hui; Journal intîme, exutoire d'une frustration retenue, gribouillis qui se rapproche alors de ce que l'on appelle Art Brut. Ecrire sur ce blog est un curieux hasard ne sachant pas utiliser ces technologies modernes. Généralement j'écris avant le billet le texte sur du papier et quelques ratures....Mais quelques fois - comme actuellement - je n'avais rien préparer si ce n'est l'idée que je PEUT écrire mais ne peut PLUS peindre et c'est cela qui me préoccupe, me mine ,m'épouvante!jJe n'ai jamais lu les commentaires que des lecteurs m'ont envoyé , ce n'est pas le but de ce travail - car je le considère comme mon travail non rémunéré - je n'ai pas pour but de converser avec des inconnus, qui de plus ne sont pas en face de moi. J'écris comme je courais, en liberté et sans rien attendre d'autre que d'oublier pour quelques instants les plaies ouvertes que ma " Dépossession " a creusé avec délice.J'espère qu'une compilation de ces textes blessés sauront trouver un éditeur qui aimera donner vie à ce torrent de boue et de parfum que je m'efforce de contourner lorsqu'en plus de mauvaises rocailles viennent sans trop prévenir ajouter un danger imprévu......