....L'entre-deux . Ne pas se laisser abuser par les beaux parleurs : ceux qui affirment la main sur le coeur ne connaître que l'instant présent; le passé disparu dans les oubliettes d'un manoir de légende; le futur, insoupçonné, aux racines hors de nous, sous nos pieds ou dans un ciel purifié de toute trace intruse, histoire suspendue dans un néant immaculé d'horreurs et de joies d'hier, d'interrogations et de projets inutiles pour demain. L'entre-deux, impensée radicale d'un quotidien béat d'aise et d'indifférence, calqué maladroitement sur la surface applanie de l'impossible jouissance de la table rase. Loin de moi de me complaire dans le ressassement de la mémoire ou l'illusion de lendemains glorieux mais cet entre-deux ne peut rassasier l'affamé que je suis de RECONNAISSANCE de mon humble passé.....Cette suffisance du temps suspendu ne peut satisfaire que l'heureux bénéficiaire de l'héritage de lui-même, ce qui n'est pas mon lot..... Rêveur sans rivage, je me nouris en douce aux banquets sauvages et m'abreuve aux sources intarrissables de mon imaginaire.... L'entre-deux signifie pour nous la prison qui nous abrite, ses murs infranchissables. Je ne suis, je le crains, qu'un chaînon fragile que le destin a accroché à l'inconnu et qui est aspiré par le doute........