.....Il m'est impossible de faire dialoguer deux personnes entre eux. De même que de construire une histoire qui se prolongerait au delà de quelques pages; c'est pourquoi j'avais choisi la peinture qui exige par son format ( la fresque m'étant interdite ) un thème unique que je m'empresse de charger et surcharger.... Le dialogue est la propriété exclusive du théâtre, du roman ou du cinéma. La peinture, elle, est silencieuse mais étrangement la plupard des peintres travaillent accompagnés de sons, de musique ou de radio. Ma peinture est bavarde et ne laisse aucun espace au silence qui pourtant m'habite. Cet entre-deux où je baigne en ce marécage où m'a conduit l'égarement m'offre un choix impossible à faire : abandonner ou s'abandonner; laisser choir les couleurs ou me perdre dans les mots. Si je pouvais trouver le moyen de me frayer un chemin invisible dans les deux eaux et m'ennivrer sans perdre de vue la ligne d'horizon ! J'ai , en abordant le sujet de la sorte, la preuve que je n'ai pas perdu tout à fait la raison......sinon je ne choisirais ni l'un ni l'autre et sombrerais au fond noici du désespoir.Ce stylo que je tiend serré entre mes doigts tant de fois tailladés représente le seul espoir qui me reste et je vois avec angoisse le niveau de l'encre baisser qui ma laissera un jour ou l'autre en rade au beau milieu de nulle part, arbre mort au mitan d'un désert.......