Gérard Salomon-Wasserman

....." La souffrance et le génie ."..

......Titre d'un livre de Patricia que sa soeur a rangé dans la bibliothèque qui est devenue la demi-cuisine , seul endroit où il restait un mur " libre " seulement occupé par deux de mes affiches de la Galerie P.H. Grossi de Apt où j'étais si heureux d'être présent parmi les Maîtres Provençaux et que dans son délire d'appropriation X m'a obligé à quitter. Et j'ai obtempéré si sûr de moi et me disant qu'un véritable pro. passant à Saint Paul et voyant mes peintures essayerait de me contacter directement pour me proposer autre chose, autre part plus conforme à l'idée que je me faisais de la qualité de mes toiles. Il faut bien que je me fasse à cette réalité  : mon style trop ' chargé ", cette habitude de cerner de noir mes couleurs, ma personne même n'incitent pas à l'enthousiasme recherché, il n'y a rien d'exceptionnel dans ma façon de traîter mes thèmes sommes toutes trop classiques pour notre temps où l'excentricité pousse du coude le classique poussé du coude hors champs de vision à moins d'avoir tout un lieu à son image; je l'avais à Paris dans les années 90 mais le hic ( de taille! ) c'était l'emplacement nullissime qui me rendait incongru dans cette rue sans réel passage. Revenir à Paris ? Refaire un stock plus conforme à une certaine attente ? Un des deux galiéristes de Cannes m'a avoué hier que le temps des déclinaisons autour des USA était en train de s'épuiser, je sais vers quoi me tourner pour être en phase avec l'attente mais le fric me manque pour y travailler et la PLACE , la chambre qui me sert " d'atelier " est trop petite et mon état trop délabré pour envisager ce nouveau tournant.C'est là où le titre du bouquin prend tout son sens : il y a inéquation entre ce que je désirerais créer et ma situation et c'est cela qui me fait souffrir et me fait préférer ne rien entreprendre que de prolonger une période déjà terminé. Il m'est très difficile et pénible de faire cet aveu mais mon psy m'a incité à ne rien cacher, ne rien dissimuler et en cela il a pleinement raison car à QUI puis-je me confier qui ne comprenne pas de travers ce qui m'oppresse: il fait beau, l'appart. confortable mais j'ai seulement 250 euros sur mon compte et ce que je voudrais faire est coûteux et plus grand que je ne peux faire ici. Jamais content ?.....

.... V.R.P. minable ou Citoyen du Monde ?...........

........Jérémy doit avoir un mal de chien terrible, lui qui a pris quatre de mes peintures et un nombre indéterminé de petits collages pour Montpellier , ville qui ne m'est pas du tout sympathique....Je n'ai pas de nouvelles de lui ce qui augure des déceptions prévisibles. Il ne suffit pas de franchir le seuil d'une galerie et de proposer ce que l'on a à montrer. Le Boss de ce genre de lieu est tout puissant et se délecte de l'étaler dans toute sa laideur. J. ne croit pas aux galeries et sur ce point je le suis mais alors il ne faut pas n'importe quel lieu sinon les toiles accrochées sont considérées comme de la pure décoration. Si l'air du temps va dans un sens, RIEN ne pourra peser dans la balance et l'humiliation sera à son maximum d'effet pour le couillon naïf qui se retrouvera les bras encombrés sur un trottoir comme un V.R.P. minable ( aucun mépris de ma part pour cette profession ingrate ). Lorsque je faisais le Tour du Monde en peinture X qui pour des clopinettes à acquis ces oeuvres dont il ne me reste rien, il ne sut ni voulu jamais mettre en avant mon ouverture globalisante de mes sources d'inspiration, lui l'être tribal et fier de son esprit obtu. Je demarrais après le coup d'envoi de la guerre déclanchée par les islamistes le 11 septembre 2001 une longue série de toiles sur les U.S.A. j'avais quelques années d'avance sur le ridicule engouement que l'élection d'Obama a déclanchée et qui bombarde ( pacifiquement ) tous les espaces vacants de déco. et d'art de photo-montages plus ou moins peinturlurés ayant pour thèmes N.Y.C. et toutes les icônes américaines . La haine viscérale de X ( au diapason de l'opinion française et internationale ) et sa petitesse d'esprit l'empêcha A CONTRE COURANT de profiter au contraire de cette ambiance pour faire de moi ce que je suis au profond : un être libre que rien ni personne ne peut ébranler.....jusqu'à un certain point tout de même; la preuve c'est l'état de loque que la dépossession de TOUT où je me trouve a généré. Qu'un signe positif, un tout petit signe balaie cette morosité et je SAIS que  j'aurais encore le goût de l'aventure.....

..... Tuer une journée, un crime ?.....

....Je suis si fatigué qu'il me faudrait me transformer en poisson des grandes profondeurs pour me cacher à la vue de tous sous un rocher FENDU pour dormir, le temps que l'océan s'assèche . Je perd la raison, je le sentais venir, c'est sûr j'oublie les jours et les semaines, seule Caroline est le cordon ombilical qui me relie à la vie; la faim a disparu : à quoi bon avaler pour que tout reste coincé quelque part entre deux continents ? Je bois un maximum de cette mixture rose que C. prépare le matin. Rien n'a plus de sens et les mots continuent à avoir un semblant de qualité mais c'est contre ma volonté. Je me suis installé pour voir en entier " Moonwalker " de M. J. , j'ai dû arrêter le C.D. en route car plus rien ne tenait debout malgré mes efforts. Je dois tuer cette journée comme je peux : à 18 heures commence la grande purge ( Staline liquide occupera mon corps et je deviendrai transparent car vidé comme je le dois ). J'ai les paupières si lourdes, le cri des enfants à la piscine m'est aussi insupportable que ces deux roues qui descendent l'avenue en hurlant du trouduc. Moi Messieurs-Dames  le mien est sans utilité et la poésie du grand air m'emmerde.......