.....J'ai tenté l'impossible : terminer les couleurs de mon dyptique pour pouvoir aujourd'hui me mettre à la caligraphie qui donne les détails et le sens à mes peintures; mais il faisait décidement trop chaud et il m'est exclu d'utiliser un ventilo les couleurs acryliques de mes palettes sècheraient trop rapidement dans cette atmosphère brûlante et sèche; lorsque j'étais imprimeur je me souviens du mois de juin 76 où la chaleur était telle que l'encre était trop liquide et nos machines offset ne pouvaient pas imprimer..... Je serais donc abonné à devoir me conformer aux aléas de la météo ? De plus une angoisse sournoise m'a tenaillé et m'a empêché de faire autre chose que de tourner en rond du canapé au lit, la terrasse étant balayée par un vent du sud violent. Un employé d'une agence est venu faire visiter notre appart à un couple ayant mis celui-ci en vente sur un coup de tête pour voir sa valeur réelle bien que nous demandant si nous voulons vraiment vendre et revenir à Paris : de toutes façons j'ai l'intîme conviction que je ne trouverais pas plus de débouchés pour mon travail dans la capitale qu'ici, l'heure n'étant pas à la " découverte " d'un nouveau peintre de presque 59 ans, usé, aigri et marginal, ne sachant pas me taire lorsque des horreurs clapottent à mes oreilles. " You talk to much ! " dit-on dans les films noirs US des années 50. Je ne pense plus qu'à mon livre et à son impact virtuel qu'il devrait avoir sur les plus jeunes qui lisent encore pour peu qu'un éditeur fasse mieux son travail que les galiéristes.....Pour le moment plus prosaïquement je dois trouver du noir pour faire les cernes sur mes toiles et je crains devoir aller à Nice, le magasin de La Bocca ayant dù fermer ses portes faute de clients suffisants; achèterais-je le Fig-Mag aujourd'hui ne lisant quasiment plus ? L'actualité m'indiffère depuis que sournoisement l'idée que les peuples et les individus sont responsables de leurs malheurs a gagné du terrain en moi; un vrai petit existencialiste au pays de la déresponsabilité triomphante ! La fatigue me tétanise partant de la tête et gagnant mon corps tout entier, me laissant hagard et inactif comme je n'imaginais pas l'être un jour à moins qu'un handicap gravissime me diminue au point de rester allité. Et je le suis devenu handicapé . Il me reste le loisir de rêver ma vie à rebourd le pied bloqué en même temps sur l'accélérateur et le frein.............