....Lorsque j'arpentais les sentiers rugueux des Monts du Vaucluse je n'avais qu'une vague connaissance de la vie et des écrits de René Char; c'est en 1974 que je découvris par hasard l'existence même de cette région, le route du Sud passant plus à l'ouest suivant l'axe du Rhône. L'époque était à l'aventure et je trouvais à la sortie de Bonnieux deux petites maisons avec autour quelques hectares de terrasses pour 150 euros ( ! ) par an en location. J'avais institué le mi-temps à l'imprimerie, je choisis d'y séjourner quinze jours d'affilés régulièrement où je découvris la vie semi-sauvage encore possible en cette décennie de découvertes. Froid intense l'hiver devant la cheminée, étés torrides, nous circulions en deux roues n'ayant ni permis ni véhicule; je me mis en chasse de tout ce qui avait été écris sur ce petit coin de paradis et c'est ainsi que je me rendis compte que Char, qui habitait plus au nord à l'Isle sur la Sorgueé avait dirigé le maquis de Céreste pendant les années noires de l'occupation. Après mes exès de produits prohibés (... ) je me mis à la course à pied et à hauteur du sol je découvris plantes, insectes, minéraux et petits animaux qui habitaient, eux , à l'année ce Luberon sauvage avant qu'il soit envahi par d'autres curieux comme moi en quète de virginité écologique. Aujourd'hui, 35 années plus tard , la moindre ruine s'arrache à prix d'or , le marché d'Apt du samedi matin est devenu, le temps de chaque été, le rendez-vous de la branchitude mondiale.Restent les merveilleux poèmes de Char et mon attachement éternel à ces Claparèdes ( les connaisseurs s'y reconnaîtront ) où sautillaient lièvres et sauterelles sous un soleil de plomb ou le Mistral. Ai-je vraiment vécu cette vie qui me semble si lointaine ? De très rares photos gardent la trace de ce jeune homme barbu qui ne songeait qu'à l'ivresse de la passion et de l'Amour........