...... Il est impossible pour un ancien soixante-huitard non-repenti d'aimer Stallone. Lorsque je m'entraînais au tout début des années 80 avec des militaires du Plateau d'Albion, parmi eux se singularisait un Capitaine dont Silvester était le modèle. Ce fut ce dur à cuire qui me le fit connaître et apprécier; responsable d'un commando de choc chargé de la protection de cette base stratégique de missiles de la dissuasion nucléaire il fut un des premiers triathlètes en France.Après avoir tâté au marathon et aux 100 bornes à la course sur route il trouvait là matière à la défonce maximum.....Nous devinrent amis au grand étonnement de beaucoup de mes proches d'alors : " Comment, toi, l'antimilitariste, écolo écarlate peux-tu fréquenter un tel phénomène ! ". Il faut avouer qu'en l'espèce le loustic était croquignolet : blond comme les blés, le corps sculpté dans le marbre, il aimait s'exhiber dès les beaux jours revenus. Je tenais à l'époque mon magasin de produits bios à mi-temps ce qui me laissait le loisir de le suivre lors de ses entraînements et compétitions de dingo....Il nous est arrivé de participer à 3 courses dans le même semaine : le mercredi soir un 5000 mètres sur piste, le samedi après-midi un 1O kilomètres, le dimanche un semi-marathon ( 21 KMS ); il conduisait une vieille 4L jaune à vitesse ultra réduite ce qui contrastait avec la hargne qui l'habitait lorsque le coup de feu donnait le signe de départ de la compète. Nous avons écumé les courses les + folles dans un rayon de 100 Kms autour du Vaucluse sous le cagnard d'août, la pluie, le mistral glacé ou la neige de janvier. Parmi mes + beaux souvenirs se détache une montée du Ventoux réservée aux seuls militaires qui me permirent d'y participer; j'arrivais 2 ème derrière lui ayant semés tous 2 le troupeau de poursuivants hors d'haleine.....L'autre fut, lorsque sûr de sa supériorité , lors d'un marathon il partit seul se sentant au dessus du lot; sous un soleil de plomb je le rattrapais vers le 35 ème Kms et le laissais sur place au bout du rouleau sans un regard ni une parole.... Il courait souvent victime de tendinite qui semblait ne pas le tourmenter. Il s'appelait Jacques Maillet, je ne l'ai jamais revu bien que j'ai tenté de le retrouver par tous les moyens; teigneux avec tous, femme comprise, sauf avec moi cette étrange amitié improbable n'est pas pour rien dans mon changement de regard vis à vis des militaires et des policiers que je ne connaissais que par caricatures grossières interposées..... J'ai découvert en les cottoyant une rigueur et un culte de l'effort bien éloignés de ce que j'imaginais; et sous la cuirasse de la fidélité, des coeurs purs et courageux qui me manquent bougrement aujourd'hui.......