....La dépossesssion; curieuse expression pour tenter de décrire une impression qui est en même temps un état qui n'a pas de synomime. La langue française , qui n'est pas avare de déclinaison pour définir des objets, des situations, des travers de personnalité n'offre qu'un seul terme pour étiqueter cette BLESSURE invisible qui atteind l'esprit et le corps, ratatine le présent jusqu'à faire disparaître toute autre sensation. DostoÏevski dans " Les possédés " étudiait en profondeur l'âme prisonnière de passions dévorantes. Le possédé s'ennivre d'existence démonstrative en Art, en religion ou en politique; il se doit de démontrer par l'ACTION l'évidence de ses convictions qui se " démesurent " au contact du réel, fut-il indifférent ou hostile. Le dépossédé se consume de l'intérieur, arraché de force par un adversaire cruel ou jaloux; sa cuirasse lui est arrachée, puis sa chair, ses os, son esprit CREATEUR ou simplement CONTEMPLATIF. Ne reste qu'un ectoplasme de vivant, l'ombre de ce qu'il fut, la tache DELEBILE de son passage utile ( ? ) exclusivement au prédateur aguerri, à l'affût de sa proie d'autant plus vulnérable qu'elle se sera montrée fragile. Le possédé crie sa révolte et étend son emprise par le tapage et la TERREUR. Le dépossédé voit sa cellule se réduire comme peau de " chagrin ", noyé sous des larmes avares qui n'innondent que ses biens disparus....On ne peut que se détourner de lui de crainte d'être soi-même victime d'un semblable destin. Notre monde impitoyable enseigne dès le +jeune âge à POSSEDER d'abord sa langue maternelle, puis son territoire, son corps et enfin son avenir....Il sait d'instinct l'immense détresse de la dépossession. Songez aux plans totalitaires vis à vis de ses ennemis : les dépossédés de TOUT puis les faire DISPARAITRE.....Il ne me resterait qu'à disparaître moi aussi ......